Chapitre 110 : Démasqués

C’est le bruit qui me réveilla. De nombreuses personnes discutaient en même temps. Le ton semblait plus proche du conflit que de juste une altercation enflammée. Je ne reconnaissais que partiellement certaines voix, et les mots distingués ne formaient pas dans mon esprit de phrases suffisamment intelligible. Je décidai de garder les yeux fermés, le temps de savoir où j’étais et surtout ce qui se passait.

• Je n’ai rien senti, jura Myriam.

• On ne ressent pas le sperme avec un préservatif, répondit une voix d’homme plus loin de moi.

• Elle était toute molle, insistait-elle.

• Vous aviez l’air pourtant de vous éclater, dit Nathalie.

• Je faisais semblant. Il n’a pas pu éjaculer avec une bite molle, de toute façon.

• Elle n’a pas besoin d’être dur pour éjaculer, entendis-je maintenant plus distinctement la voix masculine.

Je croyais reconnaître un des valets, mais je n’arrivai plus à savoir lequel. J’avais encore besoin de temps pour m’éveiller.

• En tout cas, cela l’a tellement fatigué qu’il s’en est endormi. Ce qui arrive souvent après une éjaculation.

• Ce n’est pas possible, dit à son tour Lisa.

• Pourquoi ? répondit Maîtresse Diane. Il a été sous cage pendant une dizaine de jours et n’a éjaculé qu’une fois hier soir. C’est normal qu’il y arrive. De plus, Myriam est plutôt jolie.

• J’ai été floué, intervint à son tour Basile.

• Pardon, reconnus-je la voix de Lady Christine. Vous avez parié, un peu stupidement je l’admets, mais vous avez parié et vous avez perdu.

• Ce n’est pas son sperme, dit maintenant Basile.

• Accuseriez-vous Myriam d’avoir introduit le sperme d’un autre dans le préservatif de mon soumis, dit Maitresse Diane, se retournant vers elle.

Mon esprit se remettait en place. Nous étions toujours dans le salon, et moi, allongé dans le sofa. Valérie et Nathalie étaient encore là donc Ladyscar n’avait pas pu redescendre. C’est pour cela que c’était Lady Christine et Maîtresse Diane qui me défendait. J’aurai donc éjaculé ?

• Non, bien sûr, fut obligé de démentir Myriam.

Après avoir insisté sur le fait que ce ne pouvait être moi, des premières paroles que j’eus entendu, elle ne pouvait plus s’accuser de le savoir et d’en être la cause.

• Alors. Il n’y pas d’autres hommes qui se soient approchés de Myriam ou de mon soumis. Comment le sperme aurait-il pu apparaître ?

• C’est Nathan qui le lui a enlevé, accusa maintenant Basile.

• Nathan a sa cage de chasteté. Il a juste pris le préservatif pour vous le remettre. Je crois que s’il avait éjaculé, nous l’aurions vu. De plus, vous avez vu suffisamment de préservatifs usagés pour savoir qu’il a été rempli naturellement. Il n’y a pas une goutte le long du col. Tout est bien stocké dans le sac au fond, poursuivit scientifiquement Maîtresse Diane.

• Ne sois pas mauvais joueur, tu es train de nous gâcher cette soirée, ajouta Lady Christine.

• Dès qu’il se réveillera, vous n’aurez qu’à lui demander. Il se rappellera bien s’il a perdu son pucelage ou non avant de s’endormir.

C’était cette fois la voix de Valérie. Elle était à côté de moi. Elle me maintenait la main sur le front, m’empêchant de me relever. Elle voulait que je fasse semblant de dormir, encore. Elle savait que j’étais réveillé.

Considérant que ce qui se disait m’intéressait encore et que j’étais encore trop harassé pour assimiler l’étendu de la situation, j’optai pour sa solution. Ainsi donc, j’avais éjaculé ? Dans mon sommeil ? Je ne m’en étais pas rendu compte. Qu’est-ce que cela entrainait ?

Basile n’était pas parti avec moi. J’avais gagné. La coalition composée de Lisa, Myriam Basile et les autres avait perdu. Mais comment ?

Cela n’avait pas d’importance. Je dirais tout. Je donnerai les noms des comploteurs. Mais qui était de notre côté. Ladyscar ! Mais elle n’était pas présente dans le salon. Maîtresse Diane ! Forcément, puisque c’était avant tout contre elle que Lucifer en avait. Tout semblait tourner autour du meilleur club de BDSM de la ville. J’écoutai et je savais la première chose que j’aurai à dire. J’attendis que le sujet s’éloignât de mon sperme douteux, afin qu’en m’éveillant, je puisse prétendre en être l’auteur.

Ils parlaient maintenant des pratiques de Maître Lucifer. Je sentais de la peur qui émanait lorsqu’on utilisait son nom, pas celle d’une peur irraisonnée, irrépressible, mais au contraire, celle consciente d’un danger réel, palpable, tangible. Même Basile avait la voix tremblotante en parlant de lui. Surtout que maintenant, il avait échoué. Pensait-il finir dans le parc ?

Il était temps. Je m’éveillai.

• Où suis-je ? dis-je la voix pâteuse.

• Pas là où tu devrais être, lança un Basile ulcéré.

• Pourquoi ?

• Myriam a-t-elle réussi à te faire jouir ?

• Oui. Mais ce n’est pas vraiment grâce à elle, dis-je en me relevant difficilement et m’asseyant dans le canapé, comme encore à moitié endormi.

• Elle était toute molle ? s’exclama Myriam.

• Pas au début, répliquai-je, préparé. J’ai éjaculé immédiatement après t’avoir pénétré, une trentaine de seconde tout au plus. Mais je n’ai rien osé dire. J’avais honte que cela aille si vite surtout que la veille avec les hommes, il leur avait fallu toute la nuit pour y arriver.

C’était mon mensonge ! Préparé depuis un petit quart d’heure, j’espère qu’il sonnait vrai. Prononcé entre deux bâillements, réels ceux-là, c’est vrai

• Non. Ce n’est pas vrai, cria Lisa.

• Après je ne leur ai rien dit pour en apprendre plus. Lisa et son amie d’enfance Myriam ne voulaient pas que j’éjacule en réalité. Elles travaillent depuis peu pour Lucifer. Ce dernier voulait que Basile remporte son pari et que je finisse ma vie dans ce parc. Je crois que Lisa cherche à se débarrasser du chantage que vous disposez contre elle, ajoutai-je à l’intention de Maîtresse Diane, me tournant vers elle. Lisa a empoisonné mon lait. Il en reste quelques gouttes, vous pourrez vérifier, dis-je, alors que je voyais que le biberon avait été monté en même temps que moi et trônait sur la commode du salon.

Lydia, plus proche et plus prompte, l’attrapa, devançant Stéphane.

• Ladyscar, dis-je en m’adressant à Maîtresse Diane. Maître Lucifer a peur de vous et de la renommée de votre club. Il a noyauté le vôtre avec des éléments qui travaillent pour lui.

• Lisa, je suis désolé, dit Maîtresse Diane. Je ne peux plus vous faire confiance et vous savez ce que cela veut dire.

• Non. Vous m'avez tellement obligé à faire des choses pour vous, je vous dénoncerai.

• Vous ne travaillez plus pour moi, mais notre petit accord reste valable. Alors vous vous tiendrez tranquille, ne contacterez plus Maitre Lucifer et quitterez la région.

• Je n’ai pas d’ordre à recevoir de vous !

• Oh si ! Et pour de nombreuses années encore, avant qu’il n’y ait prescription, alors vous partirez demain matin et ne reviendrez jamais.

• Vous êtes tous des cinglés, le maître, comme vous. Oh oui, je pars. Je n’aurai plus à vous côtoyer, vous et vos valets, dit-elle en ramassant quelques vêtements.

Je l’entendis gravir bruyamment les deux étages qui conduisaient aux chambres des serviteurs, cherchant à savoir combien y dormaient. Myriam s’éclipsa aussi sans demander son reste, avant que le courroux de Diane ne s’abattît sur elle.

• La soirée est finie. Vous l’avez gâché, dit Maîtresse Diane en se retournant vers Basile. Vous pouvez retourner chez vous.

Deux personnes supplémentaires quittèrent le salon ; Basile emmenant Pixie avec lui.

• Il semblerait que j’ai encore du ménage à faire, continua notre hôtesse dans sa lancée. Qui d’autre, me demanda-elle ?